Je voudrais vous parler de ce petit livre comme s’il n’y avait pas eu toute cette effervescence médiatique autour de Greta Thunberg. Pas facile, n’est-ce pas…
Pourtant, essayons. Prenons un peu de recul. Revenons au tout début, quand j’ai entendu son nom pour la première fois. On m’a dit que c’était une jeune suédoise qui alertait sur le réchauffement climatique et ses conséquences. Je me souviens avoir pensé que cette nouvelle voix pouvait peut-être faire avancer les choses.
Parce que moi, avec mon « grand âge » d’un peu plus de quarante ans, je me souviens bien des années 2007-2009, quand on parlait de l’urgence climatique, la maison qui brûle, la nécessité d’agir. C’était l’époque du pacte écologique, du Grenelle de l’environnement, du film Home. Tout le monde semblait avoir compris : le réchauffement climatique était là, il aurait des conséquences, parce que « 2° de plus, ce n’est pas le climat méditerranéen à Paris, c’est davantage de phénomènes extrêmes : inondations, canicules, changement brutaux des températures… »
Ce n’était pas nouveau. Dix ans avant, des documentaires-fictions sur Arte alertaient sur les conséquences possibles, avec de faux journaux télévisés qui montraient des réfugiés climatiques, des inondations…
Il y a dix ans, donc, les solutions étaient claires, il fallait la volonté de les mettre en route…
Après, il y a eu le documentaire Demain. On a dit que les gens en avaient assez des déclarations catastrophistes, qu’il fallait montrer les solutions qui marchent, celles qui donnent de l’espoir. Rien de très nouveau en fait pour ceux qui s’intéressaient déjà au sujet – dans l’excellent livre Le plan B, Lester Brown les listait déjà, et ce monde possible qu’il décrivait, où les villes comportaient des jardins potagers pour se rapprocher de l’autosuffisance alimentaire, où on évitait le gaspillage pour recycler, créer… Ce monde, il me tentait bien. Il n’y avait plus qu’à mettre en pratique…
Petit à petit, les conséquences possibles du changement climatique ont commencé à devenir réalité. Records de chaleur qui tombent, alerte sécheresse dans le département du Nord (une partie de notre famille est là-bas, l’autre dans le Var, autant la sécheresse dans le Var c’est pas nouveau, autant dans le Nord…)… Là, au moment où je vous écris, notre village de la Drôme vient d’être bloqué par d’énormes chutes de neige, alors que quelques semaines avant, on était en t-shirt dehors dans une fin d’été qui s’étirait jusqu’en octobre… Les arbres ont encore leurs feuilles et la neige collante fait plier et casser les branches. On a eu 24h sans électricité (donc sans chauffage…) et on se sent chanceux parce qu’une partie du village attend toujours le retour du courant. On n’a pas encore récupéré internet (j’écris un brouillon avec le traitement de texte) mais du moment qu’on a du chauffage et de quoi se faire à manger chaud, je vous avoue que je ne trouve pas ça bien grave…
Au milieu de tout ça, Greta Thunberg arrive du haut de ses 16 ans et nous demande : si c’est vrai, le dérèglement climatique et toutes ses conséquences, pourquoi ne parle-t-on pas que de ça ? Pourquoi n’agit-on pas ?
Elle alerte, renvoyant sans cesse vers les conclusions du Giec, les préconisations des scientifiques.
Et ce message semble vraiment nécessaire…
Ce petit livre est un recueil de textes, de discours, écrits entre septembre 2018 et février 2019. À peine une trentaine de pages – à lire pour savoir ce qu’elle dit vraiment, au delà du brouhaha médiatique et se sentir interpellés.
Revenons quand même un peu sur le déchaînement médiatique… J’avoue que je ne comprends toujours pas. Pourquoi elle, particulièrement ? Alors que tant d’autres disent exactement la même chose depuis des années ? J’ai toujours du mal à croire à certaines réactions que j’ai lues ou vues sur internet (et je parle de la presse et de la télévision, pas des commentaires sur Twitter ou Facebook).
Pour en savoir plus sur elle, avec recul, je vous propose plutôt de découvrir le podcast du Parisien où une journaliste raconte ses interviews avec Greta Thunberg et prend le temps de décrypter les choses (podcast qui date du moi de juin, à un moment où le tourbillon médiatique n’avait pas atteint sa pleine intensité).
Un autre livre vient de sortir, sur sa famille, qui retrace son parcours… j’avoue que je le lirais bien lui aussi !
En attendant, je peux regarder les réactions des enfants que je côtoie le plus : les miens. Et écouter mon bonhomme de 9 ans qui m’explique : « plutôt que changement climatique, je préfère dire dérèglement climatique, parce que c’est plus un dérèglement, je trouve. »
Il explique tout ça mieux que moi, en fait !