Mois : juin 2020

L’école du ciel – Élisabeth Barillé

Il y a des livres qui arrivent au bon moment. Cela a été le cas de L’école du ciel.

Littéralement.

Moi qui ne voyage jamais, je rentrais d’un voyage inoubliable, dans un pays où je n’aurais jamais pensé me rendre. J’étais partie avec un petit carnet et j’avais dessiné, noté… Ce carnet de voyage m’avait permis de vivre beaucoup plus que je ne l’avais imaginé.

Je rentrai (en pleine crise du coronavirus) la tête pleine de questions. Il y avait quelque chose là-dedans, que je sentais confusément. Est-ce que ce chemin que j’avais (re)commencé là-bas, je pouvais le continuer ici, dans mon quotidien ?

C’est à ce moment-là que j’ai trouvé L’école du ciel dans ma boîte aux lettres. Une histoire de peinture, de littérature, d’amour des mots et des couleurs…

Je ne l’ai pas ouvert tout de suite, puisque le Covid s’était invité à la maison. Mais une fois mieux, je me suis installée sur un banc, sous un arbre, et j’ai commencé à lire… C’était l’endroit parfait sans doute.

Élisabeth Barillé commence par nous raconter sa maison – comment elle en est tombée amoureuse, comment elle qui voyageait sans cesse a choisi de se fixer là. Enfin, c’est elle ou ce n’est pas elle, il n’est pas facile de distinguer le vrai du faux, elle met en garde dès la première page : « ce roman m’a été librement inspiré par le village dont j’ai fait mon ancrage »… Peu importe. L’essentiel, c’est que tout sonne juste, et que moi qui ai quitté la région parisienne il y a un peu plus de dix ans pour m’ancrer moi aussi dans village, qui suis moi aussi tombée amoureuse d’une maison, je me suis reconnue tout de suite…

Dans cette maison, il y a des tableaux. La narratrice (qui s’appelle aussi Élisabeth et est aussi écrivain) et son compagnon sont saisis par ce qu’ils y voient, qu’ils ont du mal à nommer et qui semble échapper aux autres.

Ces tableaux, c’est Aimée qui les a peints. Une femme des champs et de la campagne, fille de paysans, bergère toute sa vie, qui n’a connu que les collines qui les entourent et a su y trouver des merveilles dans leur ciel, leurs arbres, et la petite vie simple des gens qui y habitent…

Ce sont deux histoires que nous allons suivre. Celle d’Aimée, de son regard sur le monde, de ces petits trésors qu’elle collectionne comme pour un cabinet de curiosités, de sa plongée dans la peinture. Et celle d’Élisabeth et Daniel, qui quittent leur brillante vie parisienne pour… ils ne savent pas encore quoi, il n’y a pas de réponses toutes faites mais des questions qui sont peut-être plus importantes que les réponses.

Vous le devinez, j’ai beaucoup aimé ce livre qui parle de littérature et de peinture, des choses que l’on cherche sans forcément les trouver, du sens qu’on veut donner à sa vie dans des actions pas forcément spectaculaires… Il s’en dégage quelque chose de très beau et de très vrai. Il donne envie de se rendre à nouveau vulnérable pour redécouvrir la beauté du ciel, des vieux arbres, pour aller chercher quelque chose au fond de soi…

C’est un livre riche, un de ces livres qui se prête à plusieurs lectures, que d’autres vont pouvoir aimer pour des raisons tout à fait différentes…

J’ai très hâte de connaître les avis d’autres lecteurs !

PS : ce livre a été reçu dans le cadre d’un partenariat avec Grasset – merveilleuse surprise dans ma boîte aux lettres. Je vous en parle comme si je l’avais acheté moi-même, c’est la règle du jeu (et c’est tout à fait le genre de livre que j’aurais acheté moi-même, d’ailleurs 😛 ).

Dans la maison – Philip Le Roy

Voilà bien un livre que je n’aurais jamais lu si ça n’avait pas été pour un partenariat ! Parce que si je veux être honnête, non seulement je ne lis jamais de livre qui s’approche de près ou de loin de la catégorie « horreur » mais j’évite aussi tout film d’horreur, « qui fait peur » ou avoisinant…

(je viens de perdre toute crédibilité, je sais…).

Autant dire que je maîtrise très peu la culture du genre…

Seulement voilà : nous étions en plein confinement, Rageot proposait généreusement de le lire et j’ai un (gros) faible pour Rageot. Et surtout : il faisait très envie à ma grande de 15 ans.

Je me suis dit : super, on va le lire ensemble !

C’est elle qui l’a commencé. Je me souviens d’elle, rentrant du jardin où elle s’était installée pour lire sous un beau soleil en s’exclamant : « il fait trop peur, ce livre ; j’ai entendu les voisines et ça m’a fait sursauter » avec un geste indiquant qu’elle avait plutôt bondi sur place.

Sur ce, elle l’a conseillé à son père, qui s’est mis à le lire et confirmait sobrement pour répondre à mes questions « oui, il fait peur ».

Je vous avoue qu’au moment de le commencer, je n’en menais pas large…

Entre temps, ma fille l’avait fini et déclaré qu’il « faisait trop peur » et quand je lui demandais si elle l’avait aimé quand même, elle protestait « mais bien sûr, il est trop bien ! » Mon mari, qui l’avait fini aussi, disait avec elle qu’il avait beaucoup aimé la fin.

Bref, je me suis lancée, prête à tout…

C’est donc l’histoire d’une bande d’ado, quatre garçons et quatre filles, tous au lycée dans une filière artistique. Un peu les stars du lycée, ces huit-là. Ils aiment se retrouver pour faire la fête. Mais ces soirées où on rigole et où on boit, ils en ont un peu fait le tour. Et si, pour changer, ils faisaient une soirée horreur ? Où chacun doit imaginer le pire stratagème pour terrifier les autres ? Tout ça se passera dans une maison isolée, que les parents de l’un des garçons viennent d’aménager en luxueuse résidence d’architecte, caméras de surveillance comprises (et ça va être important, les caméras de surveillance).

Nos huit complices ne réalisent pas dans quoi ils s’embarquent, et cette soirée d’horreur va dépasser toutes leurs espérances… Nous, on le sait tout de suite, puisqu’on découvre avec la police la maison après les faits, dont les lycéens ont mystérieusement disparu…

Alors, j’ai compris tout de suite que ce livre n’était pas mon genre. Le style est efficace, les personnages pas très fouillés… Mais j’ai compris aussi que c’était sans doute l’intention de l’auteur. On est un peu dans l’exercice de style, ici : on retrouve tour à tour presque toutes les figures des films d’horreur, dans une avalanche à la fois effrayante et drôle, suivant le point de vue où on se place. Et finalement, j’ai lu ce livre très vite et avec beaucoup de plaisir. Un peu de frissons… mais pas trop pour mon petit cœur sensible.

Et je confirme : la fin est vraiment bien trouvée !

Alors, ce n’est pas demain que je vais me mettre aux films d’horreurs… et pourtant, j’ai beaucoup aimé ce (pas si petit) livre ! – je dis pas si petit parce que j’avais l’impression qu’il était très court en le lisant sur ma liseuse, mais il fait apparemment 352 pages (!). La preuve qu’on ne les voit vraiment pas passer…

Au final, je n’ai plus qu’à remercier Rageot de m’avoir fait sortir de ma zone de confort (et passer un excellent moment à moi, à ma fille et à mon mari !).