Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé mais parfois, on lit la quatrième de couverture et on a une idée très précise du livre qu’on va lire. On s’imagine l’histoire, on pourrait presque la raconter avant même de l’avoir lue.
C’est un peu ce qui s’est passé quand j’ai commencé à lire la présentation de Nos frères inattendus. J’imaginais tellement bien l’histoire. Sauf que…
Sauf qu’en fait, pas du tout.
J’ai lu les premières pages, et elles n’allaient pas dans la direction que j’imaginais. Le fil de l’histoire s’est réorganisé dans ma tête. Cette fois, je la voyais, la suite…
Sauf que non.
Et ça a continué comme ça pendant toute la lecture. Au bout d’un moment, j’ai lâché prise et je me suis juste laissée porter.
J’ai bien fait.
Si je devais donner un seul mot pour raconter ce livre, ce serait donc celui qui m’avait interpellée dans le titre : inattendu.
C’est un livre qui surprend. C’est un livre qui fait réfléchir. Et c’est un livre qui n’apporte pas toutes les réponses (mais dans le bon sens du terme, parce que j’avoue que je n’aime pas toujours quand la fin n’est pas vraiment une fin).
Mais reprenons au début.
Tout commence au bout du monde ou à peu près, sur une île perdue dans l’Atlantique, loin de tout. Un tout petit bout d’île, le plus petit de l’archipel, relié à la « grande île » par une mince bande de terre, accessible uniquement à marée basse.
C’est là que vit Alexandre, qui nous raconte cette histoire. Il a plutôt l’habitude de s’exprimer avec une plume et de l’encre de chine (il est dessinateur de presse). Mais les circonstances sont exceptionnelles. L’électricité s’est coupée d’un coup (jusque là, rien d’inhabituel), la radio ne capte plus aucun signal, et vu les événements de ces derniers jours, il est évident que quelque chose de grave s’est passé. Il va donc tenir un journal et consigner les faits, grands ou petits, dont il va être témoin.
C’est là que je me suis dit que sur ce petit bout d’île, il ne pourrait pas voir grand chose (et nous non plus). Qu’il s’agirait d’une histoire intime, de relations entre les gens, une remise en question de notre mode de vie moderne, peut-être, pour appeler à plus de simplicité ? Ben non.
Depuis son petit bout d’île, Alexandre va pouvoir tout nous raconter, pour une histoire qu’on n’aurait pas imaginée à l’avance et qui pourrait être un conte philosophique, ou un livre de science-fiction (qu’on rangerait en littérature générale), ou juste une histoire atypique qui s’amuse avec l’Histoire, sur le mode du « et si… »
Pour tout avouer, mes lectures précédentes m’avaient donné un peu de mal (je vous en parlerai pas, du coup 😉 ). Une fois c’était trop difficile à suivre, une autre trop dans la facilité… Là, c’est parfaitement écrit – en même temps, avec un auteur de l’Académie Française… – construit sans être trop littéraire, une forme qui s’efface devant l’histoire.
Ce qui est frustrant, c’est que j’aimerais parler de l’intrigue à quelqu’un, échanger mes impressions, mon avis, mais que mon entourage ne l’a pas encore lu (en même temps, j’avais qu’à le prêter avant… mais je n’ai pas pu me résoudre à ne pas le lire en premier). C’est frustrant de ne pas pouvoir en parler, parce que l’histoire prête à interprétation(s), à échange, ne pose aucune conclusion comme définitive.
Un livre intéressant, déconcertant et donc… inattendu. Je n’ai plus qu’à le prêter autour de moi pour pouvoir en discuter !
PS : j’ai eu la chance que Grasset m’envoie ce livre – partenariat idéal qui me laisse totalement libre de donner mon avis… et encore une fois, une très belle découverte !
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