Faut-il parler (encore) du coronavirus ?
J’ai lu cette BD il y a quelques temps, pas chroniqué tout de suite, et je me suis posé la question. On en parle tellement, du coronavirus… depuis un an, la pandémie rythme notre vie, envahit les nouvelles, et nous contraint (beaucoup)…
Alors, reparler de ce qui s’est passé il y a un an, de ce qui est devenu « la première vague », est-ce vraiment nécessaire ?
Je crois que oui.
Justement parce qu’on s’est tellement habitué. La Covid (on a même appris à dire la Covid), pour nous, c’est le masque qui nous embête, le couvre-feu, le confinement/déconfinement/reconfinement, les cinémas fermés, les commerces où on n’entre plus comme avant… On a un peu oublié ce(ux) à quoi (à qui) on pensait il y a un an : les malades, et les soignants qui se dévouaient, et qu’on applaudissait aux fenêtres…
Fiamma Luzzati est auteur BD. Karine Lacombe est infectiologue, soudainement devenue célèbre au moment de la pandémie. Cette BD, écrite ensemble, nous plonge dans la vie à l’hôpital au temps du coronavirus, auprès des médecins, mais aussi des infirmières, psychologues, voisins, et puis des patients, à travers le personnage fictif de Livia…
On (re)découvre à quel point tout le monde a été pris de court par ce virus auquel personne ne voulait croire… Il y a un an, quand on bavardait tranquillement de l’épidémie près de la machine à café, sans porter de masque…
Vous vous rappelez ? Ça paraît tellement surréaliste maintenant…
On redécouvre aussi l’arrivée de la maladie dans les urgences, ou plutôt on la découvre parce que, tranquillement confinés chez nous (et je pèse mes mots, même si mon « confinement tranquille » a été marqué par la maladie) on n’a pas vraiment mesuré ce que vivaient les soignants…
Alors, c’est un récit au jour le jour, un récit témoignage, avec un dessin sobre qui ne cherche pas à « faire joli » mais qui nous raconte, tout simplement.
Un récit qui met aussi en scène ce qui était précieux dans cette période et qu’on a aussi un peu oublié : la solidarité, l’humanité, l’attention aux autres… et le dévouement de tous ceux qui faisaient face, et le font encore, à l’hôpital.
Qui nous rappelle aussi que ce virus est complexe, retors, et tout sauf anodin…
Il se lit d’une traite, et laisse cette impression étrange d’avoir à la fois retrouvé des événements connus et de les découvrir pour la première fois.
Les auteurs ont accompagné la sortie du livre (au moment de la deuxième vague) par un blog, alternant les mots sensibles de Karine Lacombe et les dessins (extraits de la BD ou inédits) de Fiamma Luzzati – la dessinatrice poursuit aussi son travail autour du coronavirus sur son propre blog.
On peut ainsi lire d’un côté un beau témoignage sur « le Covid long » par Karine Lacombe, daté du 1er décembre. Et de l’autre, en écho, cet autre témoignage en BD, sur le blog de Fiamma Luzzati. Parlent-elles de la même personne ? Peut-être. Là encore, les regards des deux femmes se complètent, avec une même humanité, une même attention à l’autre…
Comme l’épidémie, leur travail à chacune se poursuit…
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