Soyons honnête : j’ai lu ce roman sur un malentendu. Je m’attendais à quelque chose de très léger, très fantaisiste (un peu comme un livre de Clémentine Beauvais…). La faute à la bande-annonce, à l’éditeur… à des a priori, peut-être. Un auteur qui écrit un livre autour du handicap, c’est forcément pour dire que c’est tout léger, facile, pas comme on croit, un nuage de Barbapapa garni de fraises Tagada (au moins).
Alors que Annie au milieu, c’est sans doute le contraire : le roman anti-préjugés. Le roman vrai-de-vrai, promis-juré-craché. Le roman de la vraie vie, en fait.
Il y a donc Harold, Annie, Selma, Jérôme et Solange. Harold a 18 ans, il cuisine tout le temps et il cache ses problèmes à ses parents. Selma a 15 ans, elle dessine tout le temps et vit comme si elle était invisible. Au milieu, il y a Annie. Annie a 17 ans, elle est trisomique, elle adore les majorettes et elle dit : « la vie de Annie Deroschelles, c’est la perfection ». Et puis, il y a Jérôme et Solange, les parents, qui font ce qu’ils peuvent, des blagues pourries (pour Jérôme) et tout un tas de choses pour sa famille, qui font qu’elle a renoncé à son travail (pour Solange).
Tout ce petit monde vit ensemble comme il peut, et Annie est leur soleil. Parce que voilà, la trisomie d’Annie, ça change tout pour rendre la vie compliquée, et ça met aussi du soleil partout. Parce que justement, rien n’est simple, et sûrement pas cette différence qui donne un autre regard sur la vie, mais aussi plein de choses auxquelles il faut faire attention (les problèmes cardiaques, les examens multiples…).
L’incident qui va mettre leurs vies sans dessus-dessous – ou bien tout remettre encore plus beau – c’est un concours de majorettes. Annie est dans un club de majorettes, elle adore ça, comme elle aime Dalida et les tenues à paillettes. Seulement, quelqu’un comme Annie dans un club de majorettes, ça met un peu le bazar dans la chorégraphie hyper pro que veut monter leur entraîneuse pour le grand événement du printemps. Alors, elle demande qu’Annie ne revienne plus.
Pour Selma, Harold, Jérôme, Solange et l’incroyable Mamie Marie-Claire (elle, je vous laisse découvrir), ce n’est juste pas possible. Alors, ensemble, il va falloir qu’ils trouvent une solution…
J’ai beaucoup aimé ce livre. J’ai aimé qu’il soit raconté à trois voix : Selma, Annie, Harold – raconter le monde à travers les yeux d’Annie, tout en faisant complètement exister son frère et sa sœur, quelle réussite merveilleuse !
J’ai aimé qu’il soit complexe et pas Barbapapa, tout en se lisant comme le livre le plus facile à lire qui soit : complexe dans les sentiments, la réalité, pas dans l’écriture.
J’ai aimé qu’il soit réaliste tout en étant farfelu/déjanté, qu’il y ait une superette asiatique, un club de majorettes, une poule et Dalida.
Qu’il soit drôle sans être léger.
Qu’il soit si unique, en fait.
L’éditeur a fait une bande-annonce super, qui fait envie (et même, qui fait regretter de ne pas pouvoir voir le film). Mais je ne vous la mettrai pas – elle laisse imaginer un autre livre, qui aurait été bien aussi, mais qui n’aurait pas été celui-là.
Découvrez plutôt celui-là. Et puis, vous me direz.
Ma miss de 14 ans a adoré, elle qui aime les histoires qui parlent de la réalité, et aussi les histoires écrites avec fantaisie.
On vous le conseille toutes les deux.