Le moins qu’on puisse dire, c’est que le point de départ de cette histoire est (très) bizarre. Une jeune fille a un bébé et ce bébé est… un caribou.
Oui, un caribou !?
On se demande un peu ce qui a pu donner à Meg Rossof une idée pareille. Et, pour être tout à fait sincère, je ne suis pas sûre que je me serais lancée dans cette lecture si ça n’avait pas été pour un partenariat. Ceci-dit, j’avais trois bonnes raisons pour le faire :
1 – c’était un livre publié par Rageot et on n’est jamais déçu par un livre publié par Rageot (d’après mon expérience de maman et de bibliothécaire),
2 – un livre traduit par Clémentine Beauvais ne peut pas être mauvais,
3 – euh, il y a besoin d’une troisième ?
En vrai, ce qui a joué aussi, c’est mon insatiable curiosité. Je n’avais jamais rien lu sur le thème d’une jeune maman de caribou. Et les premières pages m’ont vraiment donné envie d’en (s)avoir plus.
Si je m’étais renseignée (ce que j’ai fait après), j’aurais su que Meg Rosoff était un auteur réputé, lauréate du prix Astrid Lindgren, qui se présente sur son site officiel par cette citation du Times : “Searingly well written, her books read like Samuel Beckett on ecstasy.”
Oui, tout de même…
Nous nous sommes donc lancées, ma grande miss de presque 15 ans et moi, dans la lecture de Caribou baby.
Bizarrement, ça m’a plu. Je dis bizarrement parce que bizarre, c’est un peu le mot quand même… Ma miss l’a aimé aussi, mais sans doute pas pour les mêmes raisons.
Son avis tient en trois mots : bizarre, surprenant, drôle. Et il ne faut pas développer plus, sinon on est obligés de raconter.
Le mien va être moins concis ! 😛
Assez rapidement, je me suis dit que cette histoire bizarre n’était pas si loin d’un conte, finalement : on imagine tout à fait le même genre de point de départ dans un conte traditionnel, ou dans la mythologie (à part l’animal, peut-être, c’est pas très commun, le caribou, dans la mythologie…). Admettons donc, acceptons de croire à ce point de départ – tout le reste se déroule de manière parfaitement logique et réaliste.
C’est là que l’absurde de la situation met en relief tous les autres absurdes qui entourent parfois la petite enfance. La sage-femme qui s’extasie sur les mignons petits sabots du bébé, le médecin qui explique doctement avoir observé « quelques naissances pas techniquement homo sapiens », l’assistante sociale qui parle des défis posés par un nouveau né…
Au milieu de tous ceux-là, seule la narratrice a l’air d’avoir gardé en tête que la différence entre un bébé et un caribou n’est pas tout à fait « juste une question de point de vue. »
Ce petit livre à l’humour féroce se lit vite – ma miss l’a lu en quelques heures, moi aussi. Pas de moment creux, et une pirouette finale qui… bon, chut, je vous dirai rien !
Je ne suis pas sûre que l’auteur ait voulu faire une métaphore de la naissance, ou le symbole de quoi que ce soit (d’après ma grande, c’est juste une histoire qui est faite pour être drôle). Mais au delà de l’humour, certaines pointes sont vraiment bien vues… Bref, une histoire moins sage qu’il n’y paraît (quoique, avec « caribou » dans le titre, je sais pas si vous pensiez à une histoire sage…), qui ne laissera pas indifférent !
Un livre très spécial, difficile à classer ou à conseiller… Vous pouvez vous faire votre propre idée en lisant les premières pages sur le site de l’éditeur.