Imaginez…
C’est l’été. Vous êtes sur la terrasse, près d’une véranda où vous apercevez de grandes plantes exotiques en pot. Tout près de vous, des rosiers s’épanouissent. Sur une table basse, des plateaux avec une grosse théière en porcelaine, des petites tasses délicates posées dans leurs soucoupes, des assiettes remplies de scones et de sandwichs au concombre…
Dans des fauteuils en rotin autour de vous, la fine fleur de l’aristocratie anglaise : un duc, un comte (on a dit qu’on imagine, on va pas être radin !) et un homme un peu excentrique, un tournesol à la boutonnière. Il est venu avec le manuscrit de son dernier livre, il se racle la gorge et il commence à lire…
… aucune idée de si cette scène est vraisemblable ou pas ! Mais c’est un peu ce que j’ai ressenti tout l’été en écoutant Le portrait de Dorian Gray, version audio… C’est drôle, mais pour moi, le narrateur avait exactement la voix d’Oscar Wilde lisant son livre (même si il parlait en français… mais vous avez dû remarquer que mon imagination tournait à fond !).
Et c’était chaque fois un moment délicieux…
Pourtant, je me souvenais plutôt bien de l’histoire, même si je l’avais lu à 12 ans. Et je me souvenais aussi que je ne l’avais pas du tout aimé, ce livre, même si la fin avait (presque) tout racheté. Pourquoi le (re)lire, alors ? Un peu le hasard – j’avais reçu ce titre en cadeau, comme tous les abonnés Audible à l’époque, il y a… euh… longtemps. Un peu le #ChallengeAudible et son thème de « Juillet : redécouvrez vos classiques ! »
Un peu la curiosité aussi. Ce livre, j’avais toujours (même à 12 ans) pensé que je l’avais lu un peu trop jeune et j’étais curieuse de le relire 30 ans après (oui, je viens de calculer, ça file un coup de vieux, tout de même…).
Eh bien… Je n’avais pas tort. Cette deuxième lecture a été très différente de la première… D’abord, pour le plaisir de la version audio bien sûr. Pour le style aussi : ça me fait ça à chaque fois que je lis (audio ou non) un livre classique. « Qu’est-ce que c’est bien écrit ! » Et puis là, je réalise que si ce livre est encore lu et publié 100, 200, 300 après, c’est pas le hasard tout de même…
Je me souvenais bien de ce qui ne m’avait pas plus, je l’ai dit. Ce sentiment d’une histoire parfaitement immorale. Ce Dorian Gray, tout innocent au début, il semblait vraiment ensuite n’avoir plus aucune notion du bien et du mal. Et Lord Henry n’était pas tellement mieux.
En fait, je me suis rendue compte que c’était exactement le contraire : c’est une histoire profondément morale. Le bien (l’impossibilité à faire le bien parfois), le mal, comment nos propres actes et nos propres choix atteignent notre âme… Parce que Dorian Gray a une âme, c’est même sans doute ce qui le rend si tragique.
Et d’ailleurs, j’avais été bien injuste avec ce pauvre Lord Henry, qui n’aime rien tant que de braver la morale pour un mot d’esprit mais dont la vie ne rejoint pas les paroles (comme le fait remarquer son ami Basile).
Alors, des critiques beaucoup plus érudits diront peut-être que je n’ai absolument rien compris au livre et qu’Oscar Wilde voulait montrer précisément le contraire… Mais c’est normal. Parce que j’ai déjà remarqué : les grands livres, chacun les lit d’une manière un peu différente. C’est peut-être aussi ça qui en fait des classiques ?
En tout cas, si vous voulez vous y plonger, vous le trouverez en audio ici (n’hésitez pas à écouter l’extrait, c’est la seule manière de savoir si on va accrocher ou non 😉 ). Ou si vous avez une liseuse, vous pouvez le télécharger gratuitement et tout à fait légalement ici (vive le domaine public !).
… et puis, si vous l’avez déjà lu, adoré, détesté, que c’est votre livre préféré, n’hésitez pas à laisser un petit commentaire ici pour me raconter, j’ai très envie de savoir ! 🙂