Dans la maison de Neil Gaiman, quand il était petit, il y avait une porte qui ouvrait sur un mur. C’est comme ça qu’il a eu l’idée, des années plus tard, de l’histoire de Coraline.
J’ai lu ça quelque part – je ne sais pas si c’est vrai, mais je l’imagine tellement, cet « enfant sauvage élevé dans une bibliothèque » (c’est comme ça qu’il décrit son enfance) devant cette porte fermée, essayant par la force de son imagination de découvrir ce qui se cache de l’autre côté…
Coraline aussi est une petite fille un peu sauvage, enfin laissée à elle-même pendant que ses parents travaillent sur leur ordinateur. Dans leur nouvelle maison, elle n’a pas grand chose à faire, alors elle explore : la maison, le jardin… et elle découvre cette porte fermée à clef qui ne semble mener nulle part.
Bien sûr, sa maman lui montre : la porte s’ouvre et derrière, c’est un mur. Mais tout de même, pourquoi fermer cette porte à clef ?
… bien sûr, Coraline va franchir la porte, et bien sûr, derrière cette porte, se cache un monde extraordinaire, fabuleux et inquiétant…
Coraline, j’en avais entendu parler, forcément, entre le succès du livre et l’adaptation en film. C’est devenu une sorte de classique de littérature jeunesse. Pourtant, je ne l’avais jamais lu. J’avais des images en tête (l’affiche du film, en fait), j’imaginais un univers à la Tim Burton, mais cela ne m’attirait pas plus que ça.
Ce qui m’a décidé à le lire, c’est la sortie de la très belle version illustrée par Aurélie Neyret. C’est-à-dire que, sans savoir qui était l’illustratrice, j’ai été happée par la couverture… et je me suis dit : « et si je le lisais, finalement, ce livre ? »
C’est vrai qu’il y a quelque chose de Alice au Pays des Merveilles dans Coraline : le monde extraordinaire derrière la porte, la fantaisie des personnages… mais un pays des merveilles maléfique, où il faut se méfier des apparences et où les choses cachent une noirceur qui finit toujours par sortir…
Aurélie Neyret sait à merveille recréer cette ambiance inquiétante, dans les images les plus colorées comme dans les dessins en noir et blanc…
C’est un belle histoire, captivante, qui fait un peu peur (mais pas trop), dans laquelle mes deux grandes miss de 13 et 15 ans ont plongé avec délices… et moi aussi.
Ces yeux remplacés par des boutons, qui m’avaient paru anecdotiques quand j’avais entendu parler du film, sont une vraie trouvaille, qui nous fait passer de quelque chose d’enfantin et presque adorable (la poupée ou l’ours de notre enfance) à quelque chose de soudain inquiétant, et même glaçant…
Entre ces deux mondes erre un chat noir mystérieux, plein de sagesse mais pas toujours bienveillant, étrange, inquiétant ou réconfortant, formidable personnage énigmatique…
On s’étonne avec Coraline, on tremble avec elle, et l’histoire est riche de ces petits détails qui donnent à l’objet le plus banal un pouvoir extraordinaire.
Tout est merveilleusement construit, de bout en bout.
Un classique qui mérite sa place de classique !
À partir de quel âge ? Je me suis posé la question, cherchant des livres pour des CE1/CE2. Et même pour mon grand de CM2. J’ai lu partout que c’était un excellent livre d’horreur à partir de 13 ans… et il y a de ça, incontestablement.
Mais pour les plus grands, c’est vraiment un livre à conseiller, surtout dans cette très belle version illustrée.
À vous de le lire, et de me dire ce que vous en pensez ! Et pour en savoir plus sur l’histoire, je vous laisse écouter cette chronique de France Inter, où une libraire le raconte (mais pas trop) merveilleusement bien… Il suffit de cliquer ici.